BnF, Département des manuscrits, français 23927, fol. 5.j

Fabrication de la monnaie et politique monétaire à Paris (xive-xve s.).

Extraits de « Fabrication de la monnaie et politique monétaire à Paris (xive-xve s.). », dans Paris au Moyen Âge, résumé du séminaire de recherche, 8mars 2002 (Monnaie et argent des Parisiens : revenus et investissements), C. Bourlet, dir., Paris, IRHT, 2004 (Ædilis, Actes, 7) [En ligne] http://aedilis.irht.cnrs.fr/paris/15.htm

[...] L’organisation monétaire a été mise en place au cours du xive s. Lorsqu’une nouvelle monnaie est créée, la décision est prise par le roi et son Conseil qui adressent aux généraux maîtres des monnaies une ordonnance d’ordre monétaire. Ces généraux des monnaies, au nombre de 6, 4, 6, puis 8, sont issus du milieu de la haute bourgeoisie financière des changeurs et apparaissent officiellement pour la 1re fois dans l’ordonnance de septembre 1357.

Cette ordonnance technique, envoyée aux généraux, a valeur exécutoire et est adressée à tous les ateliers monétaires du royaume ; elle est lue aux maîtres particuliers, qui sont des fermiers et aux gardes, officiers royaux assermentés, chargés de la surveillance de la production ; puis on lance la fabrication de la monnaie qui part dès qu’elle est prête. Les ouvriers et les monnayers ; sont payés avec de la monnaie fabriquée sur place tandis que les changeurs reçoivent, en échange de leurs lingots, de la nouvelle monnaie au bout de 15 jours. On met dans une boîte, sorte de tirelire, un échantillon de la fabrication qui est envoyé à Paris pour le jugement ou vérification, afin de déceler les fraudes (il intervient cependant longtemps après). Le roi et son Conseil peuvent faire des ordonnances de cris et de décris qu’ils adressent directement aux baillis et sénéchaux. [Décri : annonce de l’interdiction de circulation des pièces des règnes précédents ou de pièces étrangères qui ne vont plus avoir le droit de circuler pour faire rentrer du métal à l’atelier monétaire].

1er document : dans les ordonnances monétaires, le mot denier désigne n’importe quelle pièce et a des sens différents. L’argent le roy (23 carats) est le titre le plus élevé de l’argent monnayé. Chaque denier de loi se divise en 24 grains.

Le marc d’œuvre est le marc d’alliage.

Le seigneuriage, différence entre la traite et le tarif qui revient au roi, est en général faible, sauf en période de mutation. Il a remplacé, à partir du règne de Philippe le Bel, le monetagium dont le bénéfice revenait au maître de la monnaie. Plus la traite est élevée, moins la monnaie est bonne. Il n’existait aucun moyen pour définir le titre véritable des monnaies à bas titre.

Le pied de la monnaie permet de comparer les pièces à la « bonne monnaie de saint Louis ».

Le changeur ignore le nombre de pièces que l’on va faire avec son argent ainsi que le titre de la monnaie.

Le personnel de l’atelier monétaire :

  • le maître particulier de l’atelier a passé un bail qui l’engage à fabriquer une monnaie définie ;
  • la Chambre des Monnaies et le contrôle des boîtes (texte p. 4) ;
  • le garde contrôle la fabrication et met les pièces en boîte ;
  • le tailleur est l’officier qui gravait les coins ; c’était souvent un orfèvre. Il gravait avec un poinçon les monnaies d’argent ou de faible valeur dont les motifs étaient répétitifs : godrons, petites fleurs de lys ; les monnaies d’or étaient plus soignées. Chaque atelier avait un tailleur d’argent qui connaissait les usages de la métallurgie des métaux ferreux (le tailleur d’or était plus rare) ;
  • le monnayer imprimait les pièces qui tombaient dans un baquet ; elles étaient vérifiées par le garde. On utilisait des produits chimiques dans les ateliers monétaires pour blanchir la monnaie.

Le lingot était fondu dans des lingotières puis mis en feuilles fines dans lesquelles on coupait des carreaux qui étaient arrondis par les tailleurs.

Il y a beaucoup de femmes dans les ateliers pour des raisons de traditions familiales et de lignage.

Les recuiteurs et les recuiteresses font les petits travaux dans les ateliers. L’apprentissage commençait à 12 ans.

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